S'il a surpris beaucoup de gens, le Prix d'Interprétation Féminine remis à Merve Dizdar est plus que mérité, tant la comédienne fait forte impression dans le film de Nuri Bilge Ceylan, à voir au cinéma.
ÇA PARLE DE QUOI ?
Samet est un jeune enseignant dans un village reculé d’Anatolie. Alors qu’il attend depuis plusieurs années sa mutation à Istanbul, une série d’événements lui fait perdre tout espoir. Jusqu’au jour où il rencontre Nuray, jeune professeure comme lui…
Les Herbes sèches
Sortie :
12 juillet 2023
|
3h 17min
De
Nuri Bilge Ceylan
Avec
Deniz Celiloğlu,
Merve Dizdar,
Musab Ekici
Presse
4,4
Spectateurs
3,6
Séances (199)
MERVEILLEUSE MERVE
Samedi 27 mai 2023. Alors que les pronostics étaient en faveur de Sandra Hüller (Anatomie d’une chute et The Zone of Interest) ou Alicia Vikander (Le Jeu de la Reine), c’est le nom de Merve Dizdar qui retentit lorsque la lauréate du Prix d’Interprétation Féminine du 76ème Festival de Cannes est annoncée.
A la surprise quasi-générale, aussi bien pour le public que la principal intéressée, qui avoue immédiatement être “tellement émue que les mots me manquent, et j’ai l’impression d’en avoir oublié le Turc, ma langue maternelle”, avant d’éclater de rire sur la scène du Palais de Festivals.
Inconnue en France, même si elle figure au générique de la série Le Touche-à-tout sur Netflix, la comédienne illumine le nouveau drame fleuve de Nuri Bilge Ceylan. A l’échelle des 3h17 que dure le film, qui n’était pas le plus long de ce dernier Festival de Cannes, son rôle est secondaire au sein d’un casting (et d’un village) très masculin.
Mais il est difficile, pour ne pas dire impossible, de la rater. Tant son caractère et son énergie irradient ces Herbes sèches. Notamment lors d’un scène de dîner très réussie, tendue comme un thriller, où elle fait parler tout l’intensité de son jeu. Et un engagement qui s’exprime également en-dehors de l’écran, loin des cadres fixes aux allures de tableaux de Nuri Bilge Ceylan.
Après avoir remercié ses partenaires et son metteur en scène, et sans se laisser interrompre par la musique la priant de regagner son fauteuil, Merve Dizdar est entrée dans la seconde partie de son discours. Celle, plus politique, qui lui a valu d’être qualifiée de “terroriste” par certains responsables de l’AKP, Parti de la justice et du développement auquel appartient le président turc Recep Tayyip Erdoğan.
“Je rêvais de remporter ce prix”, reconnaît sa lauréate. “Et j’avais préparé un petit discours que j’aimerais vous lire : le personnage que je joue dans le film, Nuray, est quelqu’un qui mène un combat pour son existence et qui a surmonté beaucoup de difficultés.”
“J’aurais normalement dû avoir à travailler ce rôle pour bien le jouer, mais je suis née dans un pays où je n’ai même pas besoin d’apprendre, d’observer ou de répéter, car je sais très bien ce que c’est que d’être une femme en Turquie. J’aimerais dédier ce prix à toutes les femmes qui, comme Muray, se battent pour surmonter les difficultés, pour exister dans ce monde. Et pour garder l’espoir.”
D’espoir et de jours meilleurs, il en est justement question chez les personnages des Herbes sèches, désireux de quitter leur village pour s’ouvrir un horizon. Un film certes exigeant, de par sa durée ou ses longues scènes de dialogue en plan fixe, mais dans lequel on parvient à se laisser porter. Et où Merve Dizdar, assurément l’une des révélations de cette année cinéma, capte toute la lumière et l’attention dès lors qu’elle entre dans le champ.
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