Icône du cinéma Underground et auteur d'un livre culte, "Hollywood Babylone", qui aura une suite, Kenneth Anger s'est éteint à l'âge de 96 ans.
Petit-fils d’une costumière de Hollywood, lui-même enfant-acteur, Kenneth Anger est l’auteur de films dont l’originalité radicale a influencé des cinéastes comme Lynch, Scorsese ou Rainer Werner Fassbinder.
Ouvertement gay, ce qui lui vaudra d’être plusieurs fois arrêté à une époque où l’homosexualité était un délit, pape du cinéma expérimental auteur notamment de près d’une quarantaine de courts-métrages entre 1937 et 2010, il s’est éteint à l’âge vénérable de 96 ans. L’annonce de son décès a été faite par le responsable de la galerie où il exposait, Sprueth Magers.
“Kenneth était un pionnier. Son génie cinématographique et son influence vivront et continueront de transformer tous ceux qui rencontreront ses films, ses mots et sa vision” a écrit ce dernier sur son compte Twitter.
Né en février 1927, Kenneth Anger était sans doute le plus connu des réalisateurs américains d’avant-garde, notamment par ses provocations, souvent d’ordre sexuel (comme le plan du pénis qui explose dans Fireworks, son premier film important). La censure (The love that whirls sera détruit par Kodak pour cause de nudité) et les encouragements de Jean Cocteau le pousseront à venir s’installer à Paris à la fin des années 40.
Il y restera 4 ans, le temps notamment de réaliser Le jeune homme et la mort, d’après Cocteau et avec le concours des danseurs de Roland Petit. De retour à Los Angeles, il continuera dans la même veine provocante avec des films tels que Inauguration of the pleasure dome (1954-1966), rituel érotico-mythologique, ou Scorpio rising en 1963, hymne à la violence dans le milieu des bikers, entre documentaire et fiction.
Ci-dessous, un court extrait de “Scorpio Rising”…
Hollywood Babylone, son chef-d’oeuvre… Littéraire
Fréquentant les milieux interlopes et les individus très louches, fasciné par l’occulte, il se lie d’amitié dans les années 60 avec Anton LaVey, le fondateur de l’Eglise de Satan. Au gré de ses pérégrinations, il rencontra au début des années 70 le milliardaire Jean Paul Guetty qui sera son mécène, et se lia même avec les membres des Rolling Stones, Mick Jagger et Keith Richards.
Mais Anger avait aussi fréquenté Bobby Beausoleil, ancien membre de “la famille” de Charles Manson, qui purge actuellement une peine d’emprisonnement à perpétuité pour l’assassinat d’un professeur de musique, en juillet 1969. Ex musicien, il a travaillé avec Anger -alors qu’il était en prison- à la création de pistes musicales…
En marge de son oeuvre artistique underground, Kenneth Anger est connu pour avoir écrit en 1959 un livre sulfureux qui deviendra culte : Hollywood Babylone (édité chez nous aux éditions Tristram) L’oeuvre, que Anger avait conçu à Paris, évoque avec forces détails glauques la légende noire de l’âge d’or d’Hollywood.
Addictions, viols, meurtres, manipulations en tous genres, procès… aucune des grandes stars du cinéma n’a échappé au scandale : Chaplin et ses nymphes, Lana Turner et son amant poignardé, la bisexualité de Marlène Dietrich, Erich von Stroheim et ses orgies démentielles…
Entre humour et cruauté, le récit d’une époque fleurant bon la Presse trash à scandales. Le livre est d’ailleurs une matrice évidente du dernier film de Damien Chazelle, Babylon, qui revient justement sur cette industrie hollywoodienne étalant au grand jour ses moeurs dissolues.
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